Historique

Centre d’histoire Sir-William-Price

La chapelle St.James the Apostle. Source : Centre d'histoire Sir-William-Price.

Construite en 1912, la chapelle anglicane St. James the Apostle accueille les cadres de la compagnie Price de Kénogami pour les offices religieux jusqu’en 1966. C’est au cours de cette année que les Frères évangéliques se portent acquéreurs de la chapelle et l’exploitent sur son site originel, au coin des rues Price et du Roi-Georges, jusqu’en 1986. Cependant, le projet de construction d’un nouvel édifice mieux adapté à leurs besoins vient menacer la petite chapelle de démolition. Elle est alors déménagée dans le parc Ball, et ce, dans le but d’en faire un musée. On y installe dès lors le Centre d’histoire Sir-William-Price en 1987, grâce à un effort citoyen et de Ville de Jonquière afin de sauver la chapelle anglicane St. James the Apostle, témoin d’une époque révolue, joyau du patrimoine bâti jonquiérois.

La mission de l’organisme est la mise en valeur des patrimoines historique, architectural, urbanistique et industriel de l’arrondissement de Jonquière de la Ville de Saguenay.

Les premières expositions, présentées en saison estivale, se succèdent sous différents thèmes d’interprétation. Un tournant décisif a lieu en 1997 : l’institution opère désormais sur une base annuelle grâce à la reconnaissance de la Ville de Saguenay et du Ministère de la Culture, des Communications et de la Condition féminine du Québec. Une exposition permanente portant sur le thème de la famille Price et leur compagnie forestière voit le jour. De plus, chaque année, l’organisme produit un calendrier historique dans un but de sensibilisation sur l’histoire du secteur. Il est à noter que le Centre d’histoire Sir-William-Price a été un acteur important dans la réouverture du Parc commémoratif Sir-William-Price et fut un lieu de diffusion dans le cadre de Saguenay, Capitale culturelle du Canada 2010.

En 2012, le Centre d’histoire Sir-William-Price inaugure une toute nouvelle exposition permanente intitulée Œuvres sur papier, Portraits de travailleurs de la compagnie Price Brothers (1930 à 1960). Les réalisations de l’organisme ne pourraient être possibles sans le soutien de la Ville de Saguenay et du Ministère de la Culture et des Communications du Québec.

Il est important de souligner la participation de la famille Price, ainsi que le dévouement des administrateurs, des membres et de tous les employés, d’hier et d’aujourd’hui, qui ont porté à bien une multitude de projets et de défis, tant sur les plans culturel et historique qu’économique.

La famille Price

Le nom de Price est directement lié à la naissance et au développement de la région du Saguenay–Lac-Saint-Jean. Plus que tout autre, il évoque l’essor de l’exploitation forestière, des scieries ainsi que de l’industrie des pâtes et papiers. Depuis plus de cent cinquante ans, la famille Price a laissé son empreinte de manière plus que significative dans la mémoire des gens d’ici.

Le fondateur

Ne pouvant plus s’approvisionner en bois scandinave en raison du blocus continental imposé par Napoléon Ier, l’Amirauté britannique décide de se tourner vers sa colonie d’Amérique du Nord. C’est dans cette conjoncture internationale que William Price débarque à Québec en 1810, à l’âge de 21 ans. Provenant d’une famille originaire du Pays de Galles, il a comme mandat d’acheminer du bois provenant des forêts de la colonie canadienne vers la mère-patrie. À cette époque, l’Angleterre a un grand besoin de madriers et de mâts pour ses navires. Les affaires vont si bien pour le jeune William Price qu’il fonde sa propre compagnie en 1821 : la William Price & Company.

Considéré à juste titre comme un marchand averti, doté de fortes connaissances techniques, il s’associe à d’autres investisseurs britanniques afin de développer davantage le commerce du bois en pleine croissance. Les profits qu’il tire de ces opérations commerciales sont réinvestis dans les scieries qu’il détient déjà le long du fleuve Saint-Laurent, de même que dans l’exploitation forestière.

Désireux de s’implanter dans la région du Saguenay, William Price y parvient en s’associant financièrement avec un groupe d’habitants de La Malbaie. Ce groupe prendra le nom de la Société des Pinières du Saguenay, communément appelée la Société des Vingt-et-Un. Celle-ci érige des scieries sur les rives de la rivière Saguenay, et son objectif est de permettre un établissement à grande échelle. Price la rachète en 1842.

Devenu maître d’un immense territoire pourvu de richesses incomparables, le nom de William Price rimera désormais avec le début d’une activité humaine intense et organisée dans la région du Saguenay. Price poursuit ses affaires tout en envoyant ses fils travailler, dès leur plus jeune âge, dans les différents établissements qu’il possède près du fleuve Saint-Laurent et de la rivière Saguenay, afin qu’ils s’initient aux rouages de l’industrie et acquièrent de bonnes connaissances techniques.

La fondation de la William Price & Sons Company, en 1855, marque un tournant dans l’histoire de la famille, et ce, par la transmission des pouvoirs à ses fils David Edward et William Evan Price.

William Price (1789-1867) Source : Centre d'histoire Sir-William-Price, C13/014.

Les héritiers

Ces derniers s’avèrent être de bons gestionnaires, mêlant affaires et vie politique. Ils siègent en effet à la Chambre des communes et à l’Assemblée nationale, de même qu’au Sénat en ce qui concerne Evan John Price, le dernier des fils de William Price à avoir dirigé la compagnie.

Les héritiers se retrouvent devant un problème de succession, car aucun d’entre eux n’a d’enfant. Ils se tournent alors vers leur frère Henry Ferrier Price, vivant au Chili, pour qu’il vienne s’établir avec sa famille au Canada. Quelques années plus tard, l’aîné de la famille de Henry Ferrier, William Price III, deviendra le principal symbole de l’industrie des pâtes et papiers au Saguenay–Lac-Saint-Jean.

William Price III (1867-1924) Source : Centre d'histoire Sir-William-Price, C13

Le bâtisseur

Devenu président-directeur général de ce qu’il est convenu d’appeler la Price Brothers & Company Limited, le futur Sir William Price comprend très vite qu’une ère nouvelle s’amorce en cette fin du XIXe siècle avec l’apparition des pulperies.

En considérant que la compagnie détient de très importantes concessions forestières et est de surcroît très bien implantée en région, Price décide de se lancer dans la production de pulpe. Pour ce faire, il acquiert la Pulperie de Jonquière.

La demande croissante dans les grandes villes industrielles de l’est des États-Unis pour les journaux, poussera Price à investir également dans la fabrication du papier dans son usine nouvellement acquise. Jonquière devient donc la première ville papetière de la région. C’est de cette façon que Price s’est démarqué des autres pulperies régionales qui n’ont pas su diversifier leur production.

En 1911, il entreprend la construction de Kénogami, la première ville de compagnie au Saguenay, et d’une usine de pâtes et papiers qui deviendra l’une des plus importantes au monde.

Homme d’action et de grands projets, il assiste au début des travaux de la future ville de compagnie de Price Brothers, Riverbend, en 1924. Toutefois, le destin fera en sorte qu’il ne verra jamais les résultats de son projet.

Pulperie de Jonquière. Source : Centre d'histoire Sir-William-Price